La Galerie de l’Université de Montréal est investie dans des initiatives de recherche-création, qui prennent la forme, entre autres, de résidences d’artistes dans des installations scientifiques de l’UdeM. Une première résidence a eu lieu en 2018, à l’Observatoire du Mont-Mégantic (OMM), et une seconde en 2022-2023, à la Station de biologie des Laurentides (SBL).
En 2020, lors de l’exposition Les nouveaux états d’être, la Galerie de l’Université de Montréal a diffusé des travaux issus de réflexions interdisciplinaires résultant d’échanges entre art et bioéthique, portant plus précisément sur l’application de l’intelligence artificielle en santé. Les enjeux éthiques sont aussi au cœur de ce nouveau projet, abordés à partir d’une vision responsable et inclusive de l’intelligence artificielle (IA). En partenariat avec IVADO, la Galerie de l’Université de Montréal lance un appel aux artistes professionnel·les en arts visuels et médiatiques pour participer à un projet de résidence et d’exposition avec la commissaire invitée Christelle Proulx. Ce projet de résidence de recherche-création, dont les résultats seront présentés dans le cadre d’une exposition en 2025-2026, émerge d’un souhait de collaboration entre la recherche dans le champ de l’IA et de l’art actuel, afin de réfléchir sur les possibles de la production de savoirs responsables, inclusifs, féministes et queers.
IVADO est piloté par l’Université de Montréal, avec quatre partenaires universitaires (Polytechnique Montréal, HEC Montréal, Université Laval et Université McGill). Il s’agit d’un consortium interdisciplinaire et intersectoriel de recherche, de formation, et de mobilisation des connaissances qui a pour mission de bâtir et de promouvoir une intelligence artificielle robuste, raisonnante et responsable. La diversité des projets et formations menés au sein de la communauté d’IVADO se déploie dans plusieurs regroupements qui touchent les neurosciences, le traitement automatique du langage naturel, la gouvernance responsable de l’IA, l’ÉDI, l’environnement, les molécules, les systèmes de santé, les chaînes d’approvisionnement, etc.
Grâce au présent appel, un maximum de quatre artistes professionnel·les seront choisi·es pour des résidences d’échanges avec les scientifiques en apprentissage automatique. Au fil de ces séjours, les artistes auront l’occasion de développer des documents (de travail, d’exploration, de conception) ou, si possible, des œuvres permettant d’appréhender divers objets ou pratiques liés à l’intelligence artificielle, que cela concerne les jeux de données, la génération, la segmentation, la détection ou la reconnaissance, entre autres choses. Les projets sélectionnés seront développés à partir de principes d’équité, de diversité et d’inclusion (ÉDI) de la Déclaration de Montréal et s’inspireront des approches féministes intersectionnelles et queers dans l’étude des sciences.
Une séance d’information aura lieu en webinaire Teams le 29 août de 12h à 13h pm, en présence de la commissaire et des partenaires du projet (IVADO).
Pour vous inscrire à la séance d'information, cliquez ici
Ce projet de mise en place de résidences au cœur des laboratoires de recherche est animé par le désir de générer des articulations artistiques protéiformes et exploratoires arrimées à la notion de responsabilité dans les sciences, en relation avec la recherche en intelligence artificielle à Montréal. Il s’agit surtout d’engager les artistes en arts visuels et médiatiques à élaborer des propositions conceptuelles qui donneront forme aux perspectives développées en résidence, au contact de travaux de recherche passés et présents menés dans les laboratoires d’accueil.
L’importance accordée à des lieux de résidence particuliers prolonge les revendications de la philosophe des sciences Donna Haraway, qui milite depuis plusieurs décennies pour la production de savoirs situés dans les sciences, afin de comprendre et d’intervenir de manière responsable dans les représentations visuelles façonnées par les systèmes de vision « intelligents » dans lesquels nous sommes de plus en plus intégré·es (Haraway 1988). La posture proposée s’inspire donc des approches féministes et queers dans l’étude des sciences et des techniques qui revendiquent la production d’un savoir responsable sur le monde. Les tenants du data feminism (D’Ignazio et Klein 2020) sont autant de points d’ancrage potentiels pour ce projet fondé sur le dialogue : examiner les jeux et enjeux de pouvoir, situer et incarner la production du savoir, repenser le rapport à la binarité (de genre, mais également entre nature et culture, humain et non-humain, échec et succès, etc.) et aux hiérarchies dans l’organisation des données et la génération de représentations, encourager le pluralisme, tenir compte du contexte culturel et de l’urgence environnementale, en plus de rendre le travail humain visible.
À ce titre, les propositions qui interrogent un ou plusieurs aspects de la recherche en intelligence artificielle par le biais des multiples axes de la pensée féministe intersectionnelle, notamment les théories et subjectivités queers, de même que les enjeux liés aux PANDC (personnes autochtones, noires et de couleur), seront accueillies avec enthousiasme. Il s’agira, en outre, d’explorer comment le point de vue de l’art ouvre à un regard à la fois attentif, affectif et alternatif, voire subversif, sur et dans le développement de l’apprentissage automatique en tant qu’instrument optique et statistique. Cet instrument sert effectivement la production de savoirs qui nécessitent une attention constante aux besoins des communautés sous-représentées, notamment afin d’atténuer la reproduction de biais et de discriminations, de même qu’une expérimentation des possibles qui va au-delà des paradigmes d’efficacité productive.
À partir des préoccupations et pratiques artistiques spécifiques à chaque artiste, les propositions de résidence retenues pourront donc explorer, étendre, interroger ou transformer certains aspects, objets ou pratiques liés à la communauté de recherche en intelligence artificielle à Montréal. Qu’il s’agisse de l’analyse automatisée des émotions ou des comportements humains, de la collecte de données sur la biodiversité, de la modélisation des changements climatiques, ou encore de démarches d’innovation sociale, pour ne nommer que ces quelques exemples, le champ des possibles se révèle particulièrement vaste et encourage ainsi des propositions artistiques à la fois ouvertes et flexibles. L’exposition des traces du processus de recherche et des échanges entre le milieu artistique et celui de la recherche est ainsi fortement encouragée; la production d’œuvres abouties n’étant pas le but premier de l’exposition. Documents écrits ou photographiques, explorations vidéo ou modélisation 3D, tentatives de génération de modèles informatiques, explorations ou réutilisations partielles de données ou d’instruments rencontrés, itérations performatives et dispositifs interactifs sont autant d’avenues par lesquelles les projets peuvent se matérialiser.
Dépôt des candidatures : 30 septembre 2024 à 23 h 59
Entrevue avec les artistes finalistes : semaine du 14 octobre
Réponse aux artistes : fin octobre
Résidences : séries de rencontres ponctuelles, en fonction des projets : novembre 2024 à février 2025
Période de production et recherche de financement, le cas échéant : mars à octobre 2025
Exposition prévue à la Galerie de l’Université de Montréal de novembre 2025 à janvier 2026.
Cachets de résidence (4 000 $ par artiste);
Budget de production (1 000 $ par artiste);
Accès aux infrastructures des laboratoires d’intelligence artificielle participants, en fonction des modalités convenues avec les partenaires;
Droits d’exposition (conformes au barème des tarifs de CARFAC-RAAV);
Accompagnement par la Galerie de l’Université de Montréal et IVADO (y compris pour les recherches de financement des artistes, si nécessaire).
Éléments requis pour la présentation de la candidature :
Une intention de recherche pour la résidence (1 ou 2 pages);
Un texte de démarche (1 ou 2 pages);
Un curriculum vitæ (maximum 3 pages);
Une sélection de 10 images ou liens pour vidéos (travail actuel ou passé);
Les dossiers seront analysés par un comité de pairs issus des partenaires (commissaire – Galerie de l’Université de Montréal – IVADO).
Les artistes finalistes seront convoqué·es pour une brève entrevue afin d’évaluer les besoins et la faisabilité des projets proposés.
Statut professionnel en arts visuels et médiatiques ou en métiers d’art;
Disponibilités lors de la période de résidence, de production et d’exposition;
Envoyer le dossier à : informations@expo.umontreal.ca. Les dossiers d’images doivent être transmis par WeTransfer;
Les dossiers ne respectant pas les exigences ou la date limite ne seront pas évalués par le comité de pairs.
Détentrice d’un doctorat en histoire de l’art, Christelle Proulx se spécialise dans l’étude de la culture numérique au prisme des images, de l’art et de la vision. Durant ses études doctorales, Proulx a été lauréate d’une bourse d’études en intelligence artificielle en 2021 et d’un soutien du CRSH pour sa thèse intitulée Enquête sur la fabrique du visible du web : utopies, photographies et algorithmes à l’œuvre , déposée en 2022, analysant les liens qui se tissent entre le visuel, l’idéologique et l’algorithmique chez Google, Facebook et dans la vision artificielle. Elle a codirigé l’ouvrage L’Agir en condition hyperconnectée : art et images à l’œuvre, publié aux PUM en 2020. Proulx est également chargée de cours au département d’histoire de l’art de cinéma et des médias audiovisuels de l’UdeM et membre de l’équipe de recherche du projet « Art et site » depuis plus de dix ans. La commissaire travaille actuellement sur un projet de recherche postdoctoral qui allie l’étude de la vision artificielle à celle des écologies queers et de l’art génératif.