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Le Centre d’exposition et l’École d’architecture de l’Université de Montréal sont heureux de présenter l’exposition Vive la ville ! Hommage à Melvin Charney réalisée par les élèves de l’Université de Montréal.
La cinquantaine d’œuvres de cette exposition, posées dans des paysages de Montréal qui désormais font un clin d’œil aux écrits du maître, cherchent à témoigner de l’importance
de l’enseignement et de la pensée de Melvin Charney, tout en démontrant la diversité des leçons tirées de cet enseignement et de ses prolongements pour manifester l’alliance toujours actuelle de la vie, la ville et l’architecture.
Les architectes et artistes, réunis ici en hommage à Melvin Charney, pratiquent en majorité à Montréal, quelques-uns sont établis en Europe et aux États-Unis. La pratique d’un grand nombre a un rayonnement international. Plusieurs de ces diplômés en architecture se distinguent dans d’autres domaines de création : scènographie, design, arts visuels et numériques. Ils sont aussi enseignants, chercheurs et dirigeants de projets publics. Plusieurs ont à leur actif des prix d’excellence en architecture, en art ou en enseignement.
Un des plus influents architectes de sa génération, professeur et co-fondateur, à l’Université de Montréal, de l’École d’architecture en 1964, puis quatre ans plus tard, de la Faculté de l’aménagement, Melvin Charney, à travers l’exercice de deux pratiques, celle d’architecte et celle d’artiste, a mené toute sa vie un intense travail théorique. Décédé en septembre dernier, il a laissé aux architectes canadiens d’aujourd’hui un héritage intellectuel unique, incomparable à aucune œuvre architecturale.
Critique de l’élitisme de la profession d’architecte, dès le début de son travail universitaire, Melvin Charney s’intéresse aux architectures mineures, celles du quotidien et, de là, donne une grande leçon à l’architecture. Le lieu est un espace non pas généré par les règles de la composition, mais issu des besoins des citoyens. Melvin Charney n’hésite pas à traiter en architecture de questions politiques et éthiques. Il développe la notion d’architecture comme pratique publique prenant ses racines dans la société même. Et l’espace du social par excellence, c’est la ville. Ainsi l’architecture est un art de reconnaissance du lieu collectif.
La plateforme majeure de cet enseignement devient l’Unité d’architecture urbaine (AU) que Melvin Charney fonde en 1978 et où il enseigne avec Alan Knight, Denys Marchand et, à partir de 1984, Irena Latek. Dans l’Unité AU, immergés pendant plusieurs trimestres dans une approche et un programme communs, les étudiants s’exercent à l’art d’interprétation des liens entre l’architecture et la ville, s’instruisent des racines de la modernité dans la culture industrielle de l’Amérique du Nord, conceptualisent le projet, apprennent à construire.
Dans l’exposition Vive la ville!, cette large communauté d’élèves de Melvin Charney lui rend hommage. La présentation de travaux récents des architectes et artistes issus du milieu AU veut mettre en relief les aspects actuels de ces traditions intellectuelles, professionnelles et artistiques. La manifestation se porte à la défense de la ville intense, mixte, soucieuse de la qualité de l’architecture et de l’espace public. Si aujourd’hui la ville n’est qu’une des multiples conditions du territoire, sur une Terre devenue fragile, la densité est une préoccupation architecturale majeure. Or l’urbanité est cette qualité sociale et la manière de vivre ensemble qui trouve dans la ville son expression à la fois la plus riche et achevée, à la fois, vivante et en constante transformation.