Galerie - Université de Montréal
The Catalogue of Speculative Translations, Act II: Fugitivities
Exposition

The Catalogue of Speculative Translations, Act II: Fugitivities

Date

29 novembre au 1er mars

Exposition - Vidéo, Présentée dans le Hall de la Galerie de l’UdeM

Samy Bennamar, N’tifafa Y. É. Glikou, 1i11i4n4

Commissaire

Abigail E. Celis et Cosmo Whyte

Textes

Abigail E. Celis

Les œuvres présentées par Samy Bennamar, N’tifafa Y. É. Glikou et 1i11i4n4 réfléchissent à la manière dont le colonialisme et la résistance anticoloniale hantent les paysages ruraux, urbains et muséologiques. Distinctes par la forme et par l’aspect, les œuvres expérimentent avec des modes de reproduction numériques et matériels, examinent la relation entre la mémoire et le monument, et répètent d’éventuelles perturbations de la marchandisation culturelle des héritages matériels du colonialisme.

N’tifafa Y. É. Glikou
En faisant découvrir la ville de Saint-Louis du Sénégal à son fils par le biais d’une lettre, N’tifafa Y.É. GLIKOU éduque son regard afin qu’il puisse discerner les résidus coloniaux (monuments et figures de l’ancien gouverneur Louis Faidherbe) des racines devant véritablement le définir. Car les symboles de la colonisation continuent de polluer les imaginaires et représentations des peuples africains.

1i11i4n4
À ceux et celles qui voient le « rapatriement de répliques » comme un compromis, 1i11i4n4 répond en soulignant le fait que l’impression et le moulage dégradent les objets, et que les « éditions » ainsi créées produisent des simulacres de plus en plus déviants. L’impression 3D est devenue moins chère, mais le fait de considérer cette technologie comme une solution finale ou provisoire pour la restitution propage le colonialisme des données, car elle suppose que l’information fournie par le plastique suffit pour répliquer un artéfact (Zhang 2021). Séparer l’information du patrimoine, et le patrimoine de son contexte culturel approprié, modifie inextricablement non seulement l’artéfact, modifie inextricablement non seulement l’artéfact, mais aussi sa communauté et sa culture. Ainsi, chaque itération marque une progression et interroge la fonction d’un « original ».

Sammy Benammar
« Je voudrais raconter une Algérie qui n’a plus de dialecte, une montagne dont les voix se superposent en cacophonie muette. »
Le refuge de la Dihya (Kahina) à Tajjmint (Djemina) marque la frontière entre les Aurès et le Sahara dans l’actuelle Algérie. Seulement accessible par des tunnels hautement protégés, cette forteresse-montagne aurait permis à la reine amazighe de résister lors des invasions arabes du VIIe siècle. Aujourd’hui, le refuge est une attraction touristique délaissée. La série de photographies, réalisée en ce lieu, présente une stratification de récits habités par les luttes et les mythes algériens. Un zine étend la réflexion ouverte par la série photographique en l’accompagnant d’un récit de voyage rédigé pendant mon dernier séjour en Algérie.

Liste des oeuvres :

N’tifafa Y.É. GLIKOU
Extrait de Sunu Biir (Nous-mêmes), 2017, HD/16:9. Lieu de tournage : Saint-Louis, Sénégal. Langues : Français, wolof. Sous-titrage : Français. Durée de l’extrait : 6 min. Crédit : Images : Edoh Yannick N’tifafa, Oumar Ba, Diane Kanéza. Son : Mamadou Moustapha Sangharé, Olivier Tazanfo Teko, Mireille Nyonsaba. Montage : Edoh Yannick N’tifafa. Production : Université Gaston Berger/Ardèche Image.

1i11i4n4
Vues de Stolen Objects Quilt (RED 1/3), 2021, sérigraphie, sculpture souple, grillage avec ouvertures hexagonales galvanisé, film à bulles, 48.26 x 297.18 x 297.18 cm.
Vues de Stolen Objects Quilt (YELLOW 2/3), 2021, sérigraphie, sculpture souple, mousse espagnole, 17.78 x 297.18 x 297.18 cm.
Vues de Stolen Objects Quilt (BLUE 3/3), 2021, Sérigraphie, sculpture souple, impressions 3D, 22.86 x 297.18 x 297.18 cm.
Vues de Loot, Loot, and More Loot (on a loop), 2022, sérigraphie, cyanotype, gravure au laser, bloc de linoléum, bloc de MDF, film isolant, embossage, 11.43 x 2743.2 cm (œuvre dépliée), installation aux dimensions variables.
Vues de How do they stand? /Why are Harihara(s) Hand-Less?, 2023, moulages en résine et en sable des mains et des pieds de l’artiste. Installation aux dimensions variables.
Plunder Pile, 2024, impression offset en deux couleurs sur papier de couverture blanc. Imprimé sur presse offset Heidelberg. 25.4 x 40.64 cm.
Vues de Jaja son huaqueria, 2023, Nylon, coton, linogravure en relief, perles en plastique, tissus trouvés, pointes-sèches. Installation aux dimensions variables.
Vues de Distitled, 2024, Contreplaqué, peinture acrylique, زنانة (zanana), moulages en plâtre, lithographie, vinyle.
Son par Ahmad Almahdi. Assistante de l’artiste : Emma Garthwaite. Traduction : Reham Mohamed.

Samy Benammar
Dihya 1 à 16, 2023, Seize photographies argentiques sur support souple 35 mm numérisées.
Dihya Zine, 2023, 36 pages, impression à l’encre sur papier photo, tirage de 35 exemplaires. Disponible pour consultation au comptoir d’accueil de la Galerie.

Auteur

Biographies

N’tifafa Y.É. GLIKOU est un auteur et réalisateur plusieurs fois primé dans des festivals de cinéma au Togo, pays africain dont il est originaire, et ailleurs dans le monde. Son dernier film, Campus Monde (52 min), lui a valu le prix du meilleur film documentaire de la catégorie moyen-métrage au prestigieux festival de films documentaires Visions du Réel, en avril 2024. La même année, il entreprend un doctorat en études cinématographiques à l’Université de Montréal.



1i11i4n4 travaille la gravure et la sculpture pour analyser l’héritage du colonialisme dans les institutions et la culture contemporaines. Pendant sa résidence à la Galleria No Lugar de Quito, en Équateur, elle a réalisé et exposé Jaja son huaqueria, l’aboutissement d’une recherche sur l’approche de l’État en matière de conservation. Son mémoire de maîtrise, intitulé Distitled, produit en collaboration avec Ahmad Almahdi, a pris la forme d’une installation mettant en contraste la facilité avec laquelle le patrimoine culturel palestinien est pillé et la rigidité des régimes frontaliers qui entravent les mouvements des Palestiniens. Elle continue d’explorer la vie des « artéfacts » à l’intérieur et à l’extérieur des institutions.



Samy Benammar est un artiste et critique de cinéma résidant à Montréal. Son œuvre se pense comme une expérimentation autour d’enjeux sociopolitiques hérités de ses origines algériennes et ouvrières. Ses films, présentés dans des festivals au Canada et à l’international, incluent Avant Seriana (2024), kaua’i’o’o (2023), et Peugeot pulmonaire (2021). Membre des comités de rédaction des revues 24 images et Panorama Cinéma, il effectue, en parallèle, un doctorat en recherche et création sur la photographie coloniale dans la Wilaya de Batna en Algérie. Il écoute le bêlement de la chèvre. Même domestiquée, elle reste imprévisible, se refuse à la docilité.

Les artistes et les commissaires remercient la Chaire de recherche du Canada en muséologie citoyenne pour son soutien.

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